La page Linkedin de Sylvain Bertrand

Amélie Litrowski

patiente pressée

‘Exploratrice’ soucieuse de ne plus ‘perdre de temps’, Amélie Litrowski a fondé Doctoome, réseau social d’un nouveau genre qui accompagne les patients dans leurs recherches d’un professionnel de santé. L’idée comme la méthode sont originales, et Doctoome tisse sa toile.

Amélie Litrowski

Voix claire, rire frais, Amélie Litrowski, fondatrice de Doctoome, a la réputation d’une nature simple et chaleureuse, tout en étant extrêmement professionnelle. « Peut-être un peu trop dans l’affect », avoue-t-elle comme si elle confessait un vilain défaut. C’est vrai, quoi ! un chef d’entreprise qui donne dans l’humain et l’empathie est-ce vraiment un chef d’entreprise ? Gageons que oui, et sans doute plus que tout autre. Toujours est-il que Doctoome, première plateforme de santé qui utilise la data pour orienter le patient vers le praticien qui lui correspond le mieux, rassemble une communauté bienveillante dans laquelle ne se partagent que les expériences positives. Inutile de tirer sur les ambulances. Toute la personnalité d’Amélie Litrowski est ici résumée.

Au mitan de la trentaine, alors que se profilent parfois les affres supposées de la dizaine suivante, Amélie Litrowski s’est senti « un petit coup de mou ». Un mari, trois enfants, un parcours professionnel enviable et - horreur - les premières ridules, un cheveu blanchissant ici ou là… « Il me semble qu’il s’agit d’une sorte de bascule, sans doute due à la maturité. Il se passe alors plein de choses dont on n’a pas conscience avant, et l’on se dit qu’il ne faut plus perdre de temps tant il y a encore à explorer ! » Pourtant, en matière d’exploration, Amélie Litrowski avait déjà pas mal bourlingué.

De L’Oréal à Ernst & Young

Originaire de Bordeaux, elle fait ses humanités dans le marketing et le management à l’université Bordeaux Montaigne avant de se retrouver en section internationale à Sciences Po Lyon, option qui ne lui plaît pas du tout du tout du tout. Elle obtient alors une équivalence dans le cadre de l’ESCP pour effectuer un double cursus en master 2 marketing et finances, et part pour L’Institut de technologie et d’études supérieures de Monterrey, au Mexique, réputée meilleure école de commerce d’Amérique latine.

Diplôme en poche, elle entre dans la vie active : débuts chez L’Oréal et Reed Midem, avant que les choses sérieuses ne commencent chez GL Events, un des leaders mondiaux de l’événementiel. « GL Events est une belle entreprise, très agile, où l’on peut toucher à plein de métiers, avec des équipes attachantes. J’étais chargée de l’organisation de l’Open de Bercy et de Roland-Garros. Des budgets qui se chiffraient en millions d’euros. J’ai adoré ce secteur d’activité, avec la sensibilité sportive qui est la mienne (Amélie a été championne de France de hockey sur gazon avec Bordeaux, joue au tennis, fait du yoga, s’essaie aujourd’hui au triathlon…), mais je n’étais pas managée alors que je débutais encore dans la profession et avais besoin de cadre. Savoir chiffrer la moquette pour Bercy (prise de mesure, qualité, etc.), ça n’a rien d’évident ! Certes, c’est très formateur… Et puis la cellule grands comptes dont je faisais partie était dirigée par un seul homme. Je ne voyais pas d’évolution possible. » Direction Ernst & Young. « Là, ça changeait de dimension. J’étais chargée de grands comptes à l’échelle internationale. Après quelques années, mon congé maternité a cependant été l’occasion de quitter EY. » Nous sommes en 2016.

700 000 visiteurs par mois

Au cours de sa grossesse, Amélie connaît ce que l’on peut appeler ‘une mauvaise expérience’ avec un médecin. Elle estime avoir été mal orientée vers ce professionnel de santé et regrette in petto qu’à l’heure du digital on ne puisse guider les patients de manière plus qualifiée. Les belles entreprises naissant des bonnes réflexions, on verra là l’embryon de Doctoome, qui est lancé en 2017.

L’idée est simple - ce sont les meilleures - : utiliser la data et un algorithme de ‘matching’ pour orienter le patient dans son parcours de soins. Et, de préférence, vers le ‘bon’ praticien, c’est-à-dire celui qui lui conviendra le mieux selon un ensemble de critères correspondant aux attentes dudit patient, comme la disponibilité, la facilité d’obtenir un rendez-vous, la ponctualité, le tarif, l’acceptation de nouveaux patients, l’accès pour les personnes à mobilité réduite, etc. « Le paysage médical, basé sur l’annuaire des professionnels de santé, est enrichi par les patients eux-mêmes. Il ne s’agit pas de savoir si le professionnel de santé est bon ou mauvais, mais si on le recommande, c’est qu’il correspond à une attente et que l’on est satisfait. Bien entendu, vos attentes ne sont pas forcément les miennes, mais le site fonctionne sur le degré des relations établies entre les membres de la communauté, qui donnent toutes leurs valeurs aux recommandations. »

Doctoome, c’est plus de 700 000 visiteurs par mois, une communauté de plus de 500 000 membres, une croissance du trafic de 10 à 20 % par mois, et des données sur plus de 150 000 professionnels de santé (médical et paramédical). « Aujourd’hui, nous nous efforçons de donner accès aux soins dans les déserts médicaux, en accompagnant et en orientant le patient de la manière la plus intelligente possible.  » C’est aussi ce qui incite désormais Amélie Litrowski à accroître le marketing et à travailler sur la notoriété de marque de ce réseau social d’un nouveau genre, pionnier dans son domaine.

Précieux conseils

L’histoire ne dit pas si la création, l’animation, le développement de Doctoome a valu de nouveaux cheveux blancs à sa fondatrice. Mais Amélie Litrowski assure que Doctoome lui « a appris la résilience » ou, plus prosaïquement, lui a permis d’acquérir la sérénité nécessaire pour faire face « aux casseroles, aux gamelles » qui pavent le chemin de tout chef d’entreprise. « Au début, en raison d’une bienveillance peut-être excessive, j’ai commis des erreurs dans certains recrutements de notre équipe de 10 personnes, par exemple. A présent, je recrute… pour recruter. Je continue à faire partager le projet et la quête de sens qu’il porte, mais dès qu’il y a doute… eh bien, il n’y a plus doute ! »

Il faut aussi souligner qu’Amélie Litrowski, qui est finalement seule pour piloter son entreprise, n’hésite pas à échanger avec son conjoint, directeur commercial dans un secteur d’activité proche du sien. « Ses conseils me sont précieux. » Il faut bien qu’un mari serve à quelque chose !

www.doctoome.com

Précédent
Estelle Monraisse
Suivant
Arnaud Devèze

Il y a toujours (...) un moment où la porte s’ouvre et laisse entrer l’avenir

Graham Greene

Restons en contact

contact