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Nicolas Wolff, Romuald Poirot et associés

Nautisme à la carte

Nicolas Wolff et Romuald Poirot sont deux des trois mousquetaires qui se comptent quatre, évidemment, ayant fondé Nauticoncept, société et procédé digital innovant de gestion de bateaux. Et s’ils sont mis en avant dans Inspirations, ils n’en oublient pas la formule à succès : « Deux pour tous, tous pour deux »…

Nicolas Wolff, Romuald Poirot et associés

Sauf par pure ironie, difficile de qualifier Mâcon, à 60 kilomètres au nord de Lyon, de joli port de mer. En revanche, la préfecture de Saône-et-Loire s’enorgueillit d’être, avec 425 anneaux en accès direct sur la Saône, le plus grand port de plaisance en eaux intérieures de France. Eh oui !

Rien d’étonnant, donc, à ce qu’un entrepreneur avisé y ait fondé une structure proposant aux plaisanciers tous les services relatifs à leur navire (dépannage, réparation, entretien, rénovation, hivernage, renflouement -dans les cas extrêmes, bien sûr…-, etc.). Et puis, comme ses clients lui laissaient en hiver les clés de leurs bateaux - dont certains valaient une petite fortune -, à charge pour lui d’en prendre soin, il s’est dit qu’il fallait organiser les choses de manière à être toujours relié à ces embarcations pour mieux gérer le service client.

Voilà les prémices de la création de Nauticoncept, société réunissant quatre fondateurs dont les deux premiers se connaissaient vaguement mais pensaient qu’ils pouvaient faire quelque chose ensemble, le troisième était le cousin par alliance du second, et le quatrième le copain du troisième. En gros. Le genre d’affectio societatis servant de socle aux meilleures aventures professionnelles.

« Joseph Mitton et moi-même nous côtoyions par club d’entreprise interposé » raconte Nicolas Wolff, aujourd’hui président de Nauticoncept. Joseph contacte Nicolas et, en substance, lui demande de concevoir une ‘boîte noire’ qui lui indiquerait ‘l’état de santé’ d’un bateau, qu’il soit à Mâcon comme dans le port d’Amsterdam où, on le sait, il y a des marins qui chantent. Il en touche également quelques mots à Romuald Poirot. Pendant de longues soirées d’hiver, Joseph explique à Nicolas et Romuald le marché en perspective et ses besoins.

Baroudeur entrepreneurial

Il faut dire que Nicolas Wolff a un côté baroudeur entrepreneurial prononcé. Ingénieur en génie mécanique, il a fondé à 14 ans, avec son frère jumeau, une association pour faire de la vidéo. A 16 ans, il parcourait déjà le monde (Rwanda, Russie, Afrique du Sud, Australie…). Pour son premier job, il est chargé d’export d’une petite boîte aveyronnaise qui montait un peu partout (Europe, Lybie, USA…) des usines de remplissage de gaz à haute pression ; quand la petite boîte explose, il rejoint une chaudronnerie dans la Bresse où on l’engage, à 24 ans, en qualité de DG pour… vendre l’entreprise - « une belle expérience », assure-t-il. Puis il invente pour son frère, devenu opticien, un mécanisme qui met en mouvement 80 objets différents dans une vitrine, en dépose le brevet et fonde avec son jumeau une société qui vendra « cette idée simple jamais réalisée » chez Desigual, Yves Rocher, Naf Naf, Galeries Lafayette, La Grande Récré, Disneyland… et quelque 4 000 autres dans 35 pays. La crise de 2008 étant passée par là, il se lance dans la PLV interactive, intervient pour Pepsi, Ferrero Rocher, Cartier…, obtient deux fois le Prix européen de la meilleure PLV pour Lu et Oasis. Las de travailler dans l’urgence, il fait un peu de consulting auprès de start-up pour l’industrialisation de leurs produits, avant de passer deux ans et demi chez Saint-Gobain comme chargé d’affaire export pour installer des lignes de construction de pare-brise ici et là (de la Pologne au Mexique…) - « passionnant  ».

« Maths et programmation »

Il faut dire que Romuald Poirot (« aucun lien avec le détective ») est ingénieur logiciel, spécialiste de l’informatique de gestion d’entreprise, de l’interface utilisateur, bref, un garçon plutôt « maths et programmation ». D’abord consultant dans une entreprise du Nord - il est originaire de Lille -, Romuald est intervenu auprès de grands groupes industriels (L’Oréal, SNCF, Arcelor, Eurotunnel…), avant de se lancer dans le consulting en business intelligence, puis de créer sa première entreprise de e.commerce à l’heure du développement de ce marché sur Internet. Quand il revend sa société, il se fait la belle à Cadix pour une année sabbatique sous le soleil espagnol. « Passer de 70 mails par jour à zéro a un petit côté traumatisant… » Caramba !

Entreprise 100 % digitale

En 2015, Nicolas et Romuald planchent donc sur la conception d’une boîte noire dont la couleur importe finalement assez peu, à même de ‘surveiller’ un bateau 24h/24, de centraliser toutes les données nécessaires à sa sécurité et sa maintenance, en lien avec les professionnels chargés d’intervenir selon les besoins. « Présentée au Salon nautique international de Paris, en 2018, les loueurs de bateaux ont vu dans cette solution un excellent moyen de suivre leur flotte en temps réel » explique Nicolas. Nauticoncept, créée en 2016 par Joseph Mitton, Nicolas Wolff, Romuald Poirot et Guillaume Duprez (ingénieur en développement, le quatrième de la bande), lance la commercialisation.

Aujourd’hui, Nauticoncept, entreprise 100 % digitale, emploie une dizaine de salariés et six partenaires privilégiés répartis entre Mâcon, Nantes, Montpellier, Montélimar, Genève, Aix-en-Provence… « Le télétravail n’a plus de secret pour nous  » assure Nicolas. La société compte quelque 240 clients professionnels pour environ 3 000 bateaux connectés.

Mais le meilleur est à venir.

Un abonnement sur-mesure

En discutant avec un client, Romuald s’aperçoit que 4 millions de Français déclarent faire du nautisme, mais qu’en raison d’un gros problème d’accès, 70 % de ceux qui passent un permis bateaux (100 000 personnes par an) ne pratiquent pas. Il ne lui en faut pas davantage pour imaginer LibertyPass, un système d’abonnement sur-mesure qui permet à tous les professionnels d’optimiser leur flotte et de générer de nouveaux revenus en offrant une nouvelle forme d’usage à leurs clients, une ‘multipropriété’ sans la contrainte ni les coûts liés à la propriété. « On règle l’incertitude du professionnel grâce à un abonnement qui constitue pour lui un revenu récurrent garanti ; et l’abonné n’a plus la contrainte de l’achat d’un bateau, sa place dans un port, son entretien, etc., pour ne l’utiliser qu’une semaine ou deux par an » explique Romuald. « C’est un peu comme les appartements de ski partagés dans les années 80, mais avec tous les outils digitaux dont nous disposons aujourd’hui. »

L’offre LibertyPass est pour l’heure disponible dans 80 ports, pour 350 bateaux, et va atteindre très prochainement 1 000 abonnés.

Entreprise agile, Nauticoncept entend devenir le leader européen des nouvelles modalités d’usage du bateau.

« N’oubliez pas de dire que nous sommes quatre associés et que nous constituons une équipe très complémentaire  » insiste Nicolas. On n’oublie pas, Nicolas, on n’oublie pas… Quatre associés qui, dans la force tranquille de leurs quarantaines rugissantes, inventent un nouveau modèle de nautisme.


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