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Paul Charon et Marine Daul-Mernier

Changer la mode pour changer le monde

Après avoir adopté un mode de vie personnelle visant à minimiser leur empreinte carbone, Paul Charon et Marine Daul-Mernier jouent la cohérence dans leur vie professionnelle. Avec OMAJ, plateforme de dépôt-vente en ligne de vêtements de seconde main, ils apportent leur écot à la construction d’un monde durable.

Paul Charon et Marine Daul-Mernier

Tenter le contrepied et commencer par le rugby.

Paul Charon et Marine Daul-Mernier doivent un peu leur rencontre à ce sport, lors de leurs études, pour avoir notamment parlé mêlées ouvertes et passes sautées dans le cadre de la vie associative de CentraleSupélec.

Le rugby, c’est quasiment génétique pour Paul, né à Toulouse dans une famille originaire de la région bordelaise et du Royaume-Uni (ambiance lors de matches France-Angleterre du Tournoi des VI Nations…). Hélas, en son jeune âge, un bête accident lui ayant laissé une épaule en vrac le contraint à suivre les rencontres depuis les tribunes. Mais toujours avec passion.

Si Marine a vu le jour en passant par la Lorraine (terre où l’on allait naguère « au charbon ») dans le sillage itinérant d’un père militaire, elle a découvert l’ovale à Centrale. « A l’Ecole, il fallait choisir un sport. Le rugby, que l’on définit comme un sport collectif de combat, me semblait porteur de valeurs intéressantes. Pour avancer, il faut passer le ballon à un partenaire, derrière soi. J’y ai vu une sorte de métaphore de l’entreprise. »

Mais de l’attaque en première main au marché de la seconde main, il faut quand même un peu d’entraînement et de réflexion stratégique.

3,6 T de CO2/an

Paul, ayant eu sa dose de sciences en prépa, s’ouvre à d’autres domaines durant ses études d’ingénieur (économie sociale, droit…) et s’oriente vers le conseil en stratégie, dont le spectre généraliste le séduit. Il rejoint un cabinet américain spécialisé en la matière - « très formateur quant aux méthodes de travail » -, puis un groupe de services financiers/produits d’épargne/investissements immobiliers.

Dans un premier temps, il prend conscience que sa vie professionnelle oblitère sa vie personnelle (sans nier une aisance financière incontestable), dans un deuxième, d’une dissonance entre ses aspirations écologiques et sa réalité quotidienne au travail : « En 2017, j’ai compris que mon mode de vie n’était pas compatible avec les limites physiques de la planète. » Troisième temps, Paul et son épouse s’engagent alors dans une réelle remise en cause, deviennent végétariens (lui qui adore la viande !), abandonnent les déplacements en voiture et en avion (vive le train !), etc. « C’est un choix de vie qui demande quelques sacrifices, et qu’il est plus facile de faire à deux. »

Paul calcule régulièrement son empreinte carbone (voir le site agirpourlatransition.ademe.fr), et quand un Français émet aujourd’hui en moyenne 11,2 T de CO2 par an, il arrive, lui, à 3,6 T. Il confesse toutefois un ultime vice : il fait toujours du ski. Nobody’s perfect.

Un déclic

Spécialiste de supply chain, Marine fait ses premières armes chez McKinsey - « c’est une belle école d’apprentissage… et j’y ai rencontré mon mari ! ». Très tôt sensibilisée à l’environnement, passionnée par la nature - « j’ai fait beaucoup de plongée sous-marine, et j’ai vu tellement de plastique sous l’eau !  » -, elle suit un atelier de l’association La Fresque du Climat, qui sera pour elle un véritable déclic. Elle est végétarienne depuis 3 ans, et assure n’avoir rien acheté de neuf depuis lors, faisant plutôt appel aux ressourceries et à la seconde main. « C’est une manière de faire prendre conscience aux autres qu’il faut diminuer notre empreinte carbone. Cela marque les gens et, petit à petit, ça fait boule de neige. » Elle perçoit également la nécessité de changer de job pour aller plus loin dans cette démarche. « Paul a été ‘l’écolo’ précurseur dans notre groupe de copains. Cela m’a inspiré. »

Surtout, à l’image de Paul, Marine veut mettre en adéquation ce qu’elle fait et ce qu’elle pense - et réciproquement.

Sublimer le service

Les deux amis étant toujours en relation, c’est à l’occasion de ses 30 ans que Marine évoque avec Paul la création d’une entreprise de prêt-à-porter de seconde main, en cohérence avec leurs valeurs et leurs attentes de consommateurs car, à ses yeux, l’expérience client que l’on trouve actuellement en la matière est loin d’être satisfaisante. Au demeurant, Paul est d’accord.

Donc : sachant qu’aujourd’hui un Français (disons, moyen le Français) achète 40 nouveaux vêtements par an ; sachant qu’il ne porte pas… 70 % de ce qu’il achète ; sachant que le marché de la seconde main représente 3 % du marché du neuf ; comment le développer pour en faire un réflexe de première intention ? Vous avez trois mois.

Trois mois, c’est le temps qu’il a fallu à Marine et Paul pour creuser le sujet, appréhender l’environnement, faire une étude de marché, définir la voie qu’ils entendent explorer. A partir des constats établis, ils créent leur concept et le business model qui l’accompagne. Cible : des femmes, actives, à la vie professionnelle et familiale bien remplie. « Nous sortons de la marketplace classique en gérant la relation entre le vendeur et l’acheteur et en simplifiant les processus. En ce sens, nous devenons des tiers de confiance. Nous sublimons le service, nous professionnalisons l’achat en seconde main en supprimant le risque, en vendant des vêtements de qualité entre 20 et 50 % du prix du neuf. » Des exigences, gage de sérieux, qui supposent quelques règles à respecter et à découvrir sur le site d’OMAJ puisque c’est le nom de la plateforme de dépôt-vente en ligne de vêtements pour femme et homme, fondée par les deux associés, opérationnelle depuis septembre 2021. Et qui nourrit l’ambition de changer la mode pour changer le monde.


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