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Alexandre Yao

le prêt-à-porter lui va bien

Qu’est-ce qui relie le consulting informatique et le prêt-à-porter ? A part Alexandre Yao, on ne voit pas bien. Après quelques… zigzags, l’ingénieur a endossé le costume de chef d’entreprise, le Parisien s’est implanté à Nice, et le cofondateur d’une boîte de logiciel a cofondé la maison de couture Le Point Français. Sans se pousser du col.

Alexandre Yao

Un mètre quatre-vingt-treize, cent kilos, des épaules à la largeur de ces mensurations : Alexandre Yao joue dans la catégorie « beau gosse » et ne passe pas inaperçu lorsque, planche de surf sous le bras, il s’en va chevaucher les vagues pour leur caresser un peu l’écume. Dans un autre registre, Mister Yao use aussi de son gabarit dans la maîtrise du jiu-jitsu brésilien, art martial et sport de combat où les techniques d’étranglement le disputent aux clés articulaires. Voilà pour l’Alexandre Yao côté jardin, pied léger, main ferme, 36 ans, une épouse enseignante, deux jeunes enfants. Côté cour, avec la Baie des Anges en toile de fond quand même, Alexandre est chef d’entreprise dans le secteur de la confection auquel rien ne le prédisposait. Même pas un diplôme d’ingénieur des Arts et… Métiers.

HEC Entrepreneurs pour le business

Dès son diplôme de Gadz’Arts en poche, en 2010, Alexandre Yao s’inscrit au master HEC Entrepreneurs, histoire d’étoffer la fibre entrepreneuriale qu’il portait en lui. « J’ai toujours profondément ressenti l’envie d’entreprendre. Je n’étais pas franchement très heureux en qualité d’ingénieur mais là, à travers la problématique business, je me sentais dans mon élément. HEC Entrepreneurs a été la seule année de mon cursus où je me suis vraiment éclaté. » Mais, dans un premier temps, c’est quand même l’ingénierie informatique qui permet de nourrir l’homme. Il identifie quelques opportunités de business dans ce domaine et cofonde Tucania, en 2013, société d’édition de logiciels permettant la mise en conformité réglementaire des entreprises de l’industrie pharmaceutique après le scandale du Mediator. Micro niche d’un marché étroit qui, sans être glamour, « ne manquait pas d’intérêt sur le plan entrepreneurial ». Il cède néanmoins ses parts à son associé, en 2017, et part vivre quelque temps au Danemark. De retour en France l’année suivante, Alexandre fait du conseil en stratégie et organisation, travaille sur de la gestion de projets informatiques en phase de crise, développe des outils d’aide à la décision, certains pour des groupes d’importance (Accor, Cartier, Solvay…). « Là encore, le travail ne manquait pas d’intérêt, mais moi j’avais toujours envie d’entreprendre » - genre ‘chassez le naturel’ etc.

Covid-19 et sensations fortes

C’est à ce moment que Serge Oponou, ancien sportif de haut niveau (spécialiste de taekwondo) reconverti dans la création de mode sur la Côte d’Azur, lui demande de l’aide pour professionnaliser la distribution de sa marque « Serge est un ami d’enfance que j’ai connu à Nice, où je passais mes vacances estivales chez ma grand-mère. » Alexandre arrive donc pour une simple mission. Sauf que l’affaire de Serge Oponou n’en finit pas de prendre de l’ampleur, que d’autres jeunes créateurs, apprenant qu’il a ouvert un atelier de production, lui demandent d’intervenir également pour eux en raison d’une offre de confection rare en France, et que le petit atelier niçois devient vite vraiment trop petit. « J’étais toujours basé à Paris et le projet initial n’était pas de monter une boîte. Il fallait prendre le taureau par les cornes. Serge m’a convaincu, et nous avons fondé Le Point Français. C’était en 2019. Six mois après, nous étions en plein Covid ! »

La première vague de l’épidémie emporte la clientèle historique. Mais le besoin médical et institutionnel (masques, surblouses, etc…) permet de tenir la route. Hélas, lorsque survient la deuxième vague, la clientèle historique n’est pas revenue et l’institutionnel est retourné à l’étranger pour produire à moindre coût, alors même que Serge et Alexandre ont déjà étoffé leur effectif... « Il a fallu se décider rapidement sur la direction que l’on voulait donner au projet, et savoir si l’on pouvait garder une équipe d’une telle dimension. On a choisi et on a profité de cette période pour beaucoup former en interne. On a connu des sensations fortes mais, un an plus tard, on avait gardé tous les emplois de la période Covid, et on en avait même créé ! Aujourd’hui, les couturières sont la force de l’atelier, c’est en partie grâce aux choix que l’on a fait à cette période-là. »

Alors, quand on vient aujourd’hui leur expliquer ce que doit être la responsabilité sociale de l’entreprise, Alexandre et Serge sourient poliment.

Serge à l’animation, Alexandre aux finances

Mais les efforts des deux amis associés paient. Ils poussent les portes de la grande distribution en 2022 ; décrochent un contrat auprès du plus gros fabricant de culottes menstruelles pour une production de 90 000 pièces. Aujourd’hui, Le Point Français fait travailler 40 personnes, et intervient pour de grandes marques (Absorba, Le Slip Français, Oxbow, Eres…). Serge crée moins (c’est promis, il va s’y remettre !) mais anime l’équipe ; Alexandre est aux finances. « Maintenant, on est mieux organisé, mais on a déjà tellement l’habitude de travailler ensemble qu’on se rejoint facilement sur tous les sujets qui touchent à l’entreprise. » Le Point Français a obtenu de jolis marchés, notamment dans le cadre des Jeux Olympiques de Paris. Cela fait appel à de la créativité, de la productivité, des volumes industriels : on est là !  »

Christian Streiff pour mentor

Il est vrai qu’Alexandre bénéficie des réflexions et conseils d’un mentor qui a… un peu d’expérience : « J’ai fait la connaissance de Christian Streiff, par l’intermédiaire de Sylvain Bertrand, lorsque j’étais à HEC Entrepreneurs. Il fait preuve d’une grande bienveillance à mon égard. Il a une vraie perception de la réalité des choses. Il challenge beaucoup et pose des questions complexes. C’est une chance d’être accompagné par quelqu’un de cette envergure. »

« Alexandre a incontestablement la fibre entrepreneuriale, affirme Christian Streiff. Il est rare, d’ailleurs, qu’un ingénieur des Arts et Métiers fasse HEC Entrepreneurs. Et c’est ce qui m’a intéressé chez lui ! Il abandonné un univers sans doute plus ouvert pour tenter l’aventure incroyable de produire des vêtements en France, à Nice de surcroît ! C’est un garçon étonnant, d’une grande richesse humaine. Non seulement il pense à des choses auxquelles je n’aurais pas pensé, mais en plus il écoute les conseils que je peux lui donner. C’est un plaisir de l’épauler. »

Sans doute Alexandre Yao n’imaginait-il pas travailler à Nice dans la confection. Mais, au fond de lui, il savait qu’il avait la taille patron.


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