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Christophe Debonneuil

drôle de blockchain

Ecole Centrale, HEC, M6, Broadway, blockchain, OCDE, Neptune… Le parcours de Christophe Debonneuil tient de la performance et de l’art du contrepied (voire du contrepet ?). En vérité, il est drôlement sérieux.

Christophe Debonneuil

Christophe Debonneuil est un comique.
Brute de décoffrage, l’assertion semble un tantinet insultante à l’égard d’un spécialiste reconnu de la blockchain et des cryptomonnaies, qui avoue également sa dilection pour les mathématiques en général et la topologie en particulier (dont on rappellera aux distraits qu’il s’agit tout simplement de l’étude des propriétés invariantes dans la déformation géométrique des objets et dans les transformations continues appliquées à des êtres mathématiques - mais pas de panique, il n’y a que les topologistes qui comprennent la topologie), domaines qui, a priori, ne prêtent pas à la gaudriole - a posteriori non plus, d’ailleurs...
Pourtant, Christophe Debonneuil est bien un comique.
La preuve ? Après des études brillantes lui ouvrant les portes d’une carrière à l’identique éclat, il est embauché chez JP Morgan au terme de… 8 entretiens. Et là, il tire sa révérence et signe, en guise de premier job, un contrat d’animateur chez M6. Hilarant, non ? Le recruteur de JP Morgan, interloqué, lui lance «  I hope to see you on TV  »… Comme quoi, on sait se tenir dans les banques d’affaires.
L’ingénieur de Centrale Lyon, le diplômé d’HEC, va donc jouer les turlupins dans les émissions de Flavie Flament, chargé de la rubrique ‘Christophe a testé pour vous’ (« tous les jours j’essayais un métier différent : éboueur, pêcheur de haute mer… ») et de Mickaël Youn (« dans le ‘Morning Live’, j’animais ‘Christophe peut le faire’, et je réalisais des ‘exploits’, comme d’aller serrer la main à Jacques Chirac lors du mariage de David Douillet, par exemple »). Improbable mais vrai. « M6 fut pour moi un investissement de tous les instants, avec une mobilisation totale sur ‘le rire’. » Comique, on vous dit…

Un vrai choix…

« Petit, je voulais faire rire les gens.  » Une ambition tôt accomplie. Une manière aussi de se distinguer pour exister au sein d’une famille de ‘matheux’, de fortes personnalités, de professionnels respectés. Serge Boudigues, son grand-père maternel, ne fut-il pas une sommité en matière de turbopropulsion et de turboréacteur, l’un des pères des moteurs du Concorde, directeur à la Snecma ? Xavier Debonneuil, son père, polytechnicien et diplômé de l’École nationale de la statistique et de l’administration économique (Ensae), loué pour son humanisme, devint directeur général adjoint de la Société Générale. Sa mère, Michèle, également diplômée de l’Ensae sera - entre autres - conseillère du directeur du Trésor (Jean-Claude Trichet), chef du service économique, financier et international au Commissariat général du Plan, conseillère auprès de Jean-Louis Borloo, ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement, inspectrice générale des finances…
« A la maison, les discussions étaient animées entre mes parents ! Mon père défendait la finance à tout crin ; ma mère avait une vision à long terme de l’économie et voulait trouver des solutions pour l’emploi !  » Il n’est chiche de son admiration ni pour l’une ni pour l’autre.
S’il fut surpris (sic !) de la décision de son fils, Xavier Debonneuil se contenta, pour tout commentaire, d’un laconique « c’est un vrai choix » qui, à l’évidence, valait quitus. D’autant qu’après M6, Christophe s’installe pendant un an à New York, et pas franchement du côté de Wall Street, plutôt de Broadway où il se livre au stand-up. Ou comment, à partir d’une formation au business, faire le show…

Environnement novateur

Christophe Debonneuil aurait-il pu devenir une star du showbiz ? Quelle importance… Après avoir jeté sa gourme, il redevient sérieux juste avant que son père et sa sœur qu’il aimait tant ne disparaissent, en 2002, dans un accident de la route. Il enchaîne divers jobs ‘dans sa partie’, c’est-à-dire plutôt dans le domaine de l’informatique et des nouvelles technologies. Puis il découvre la blockchain, cette

  • technologie de stockage et de transmission d’informations, prenant la forme d’une base de données,
  • qui a la particularité d’être partagée simultanément avec tous ses utilisateurs et qui ne dépend d’aucun organe central,
  • a pour avantage d’être rapide et sécurisée,
  • et dont le champ d’application est bien plus large que celui des cryptomonnaies/crypto-actifs (assurance, logistique, énergie, industrie, santé, etc.) auquel elle est traditionnellement associée.

(Merci au site economie.gouv.fr/entreprises/blockchain... qui est parfaitement clair sur la question.)
Il se passionne pour cet environnement novateur, se forme auprès de l’Université d’Oxford (du genre de ce qui se fait de mieux au monde), fonde une newsletter dont il envoie un exemplaire à l’OCDE en proposant de former les équipes de l’Organisation à cette technologie… qui reste toutefois complexe. Banco ! Pendant 5 ans, Christophe Debonneuil dispensera ses connaissances auprès des différentes divisions de l’institution. Il collaborera également avec l’UNESCO sur ces questions, et initiera des cours à l’ESSEC pour des étudiants en prise avec leur temps. « La blockchain, c’est une culture et une communauté que tout le monde a la possibilité de rejoindre pour peu que l’on s’en donne les moyens ». Et à plus forte raison si l’on a un prof qui fait le spectacle pour mettre en scène l’aridité des leçons !

Changer (un peu) le monde

On imagine toutefois que certains lecteurs se gausseront de l’actualité récente et de la faillite de FTX, la deuxième plus importante plateforme d’échange de cryptomonnaies, fondée par Sam Bankman-Fried. Certes. Mais on rappellera, comme indiqué un peu plus haut, que le champ de la blockchain est loin de se limiter aux cryptomonnaies.
Soucieux de donner du sens aux applications de la blockchain, qui n’est qu’un élément d’un puzzle beaucoup plus large comprenant notamment l’intelligence artificielle, le big data, l’internet des objets, l’informatique quantique… Christophe Debonneuil entend mener la réflexion de l’utilisation de cette technologie au service de l’humain et de la planète. Il a déjà commencé, à travers son cours de l’ESSEC intitulé ‘Innovation et impact’. Mais, au-delà du débat d’idées, il s’est engagé également sur le terrain de l’action concrète en contribuant à l’essor du projet Neptune, au côté de Bilal El Alami, une star du secteur, qui développe un projet de sauvegarde des océans par la blockchain. Dans les très grandes lignes, « Neptune, c’est une façon de préserver les océans et les espèces selon la technologie du ‘smart contract’, l’automatisation du partage de dons. Lorsque quelqu’un déboursera une somme dans le cadre d’un domaine touchant au monde marin, une partie de celle-ci sera reversée aux acteurs de la préservation du milieu aquatique dans une optique ‘gagnant/gagnant’. » En la matière, Christophe Debonneuil ne plaisante pas et se dit fier de contribuer à changer (un peu) le monde par l’innovation.
Qu’on se rassure, le naturel n’est jamais loin et une bonne blague vient conclure l’échange…
S’il estime avoir plutôt bien rempli les 49 premières années de sa vie, Christophe Debonneuil compte valoriser de la même manière les 49 prochaines. Sérieusement.

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